167e Regiment d’Infanterie (Alabama) – Histoire
La mobilisation de la garde nationale d’Alabama pour son service à la frontière mexicaine fut annoncée le 16 juin 1916. Cinq régiments en faisaient partie, dont le plus important était le 4e Alabama. Cette milice avait été constituée par décret de la législature d’Alabama en 1911. Les Alabamiens considéraient que le 4e Alabama descendait du régiment du même nom, célèbre pendant la guerre de Sécession. Il n’y avait pas eu de 4e Alabama entre la guerre de Sécession et 1911.
Une fois activée, cette unité fut rassemblée à la fin du mois de Juin à Montgomery et fut placée sous le commandement du Major William Preston Screws, un officier de l’armée régulière qui avait servi à Cuba et aux Philippines. Depuis 1913, il avait supervisé l’entrainement du 4e Alabama. Apres la mobilisation, il en dirigea la formation d’infanterie de base de juillet à octobre 1916.
Avec 1300 hommes, il prit le train pour Nogales, Arizona, sur la frontière mexicaine, et, avec ses officiers, dirigea une formation avancée d’infanterie jusqu’à mars 1917. De retour en Alabama, le régiment servit de sentinelle pendant un mois et demi le long les chemins de fer et autour des sites industriels de l’état pour les protéger d’une tentative de sabotage allemand.
Avec l’entrée en guerre des Etas Unis le 6 avril 1917, le régiment fut autorisé à augmenter l’effectif de ses compagnies d’artillerie de 65 à 150 puis 250 soldats. D’autres régiments de la garde alabamienne furent intégrés dans le 4e régiment, de manière à ce qu’il arrive à une force de 3 720 hommes dont 112 officiers.
Le 14 Aout 1917, le ministère de la guerre changea le nom du 4e Alabama en 167e régiment d’infanterie d’Alabama et William Preston Screws monta du grade de lieutenant-colonel à celui de colonel. Il reçut le commandement de ce régiment rebaptisé et renforcé. Le lendemain, le régiment était incorporé à la 42e division et le 28 aout 1917, une force de 3677 hommes partait pour Camp Mills, Long Island, pour rejoindre la 42e division.
La division arc-en-ciel s’organisa et s’entraina à Long Island pendant un peu plus d’un mois. Il y avait beaucoup à faire, particulièrement à apprendre à vivre ensemble à ces soldats qui servaient dans des régiments héritiers d’unités qui s’étaient opposées les unes aux autres pendant la guerre de Sécession. Les 1 200 000 morts de cette guerre fratricide étaient encore présents à l’esprit de tous et nombreuses étaient les blessures qui ne s’étaient pas refermées. Servir côte à côte avec d’anciens ennemis ne fut pas tout d’abord chose facile, mais face à l’ennemi commun, ils apprendront en France à dépendre les uns des autres, se faire confiance et éventuellement à reconnaitre qu’ils étaient tous américains.
A partir du mois d’octobre, les différentes unités commencèrent à s’embarquer pour la traversée de l’Atlantique. Le 7 novembre 1917, c’est au tour du 167e régiment d’Alabama de s’embarquer.
Des délégations françaises et anglaises s’étaient entre temps rendues à Washington pour convaincre le gouvernement américain d’incorporer les soldats américains à leurs armées respectives. Les mêmes demandes furent faites auprès du général Pershing. L’argument principal reposait sur la formation des officiers français et leur expérience du front, vastement supérieure à ce que pouvait offrir des officiers américains. Les Français auraient voulu amalgamer 75 bataillons de soldats américains. Président Wilson et Pershing rejetèrent d’emblée ces propositions. Le Corps Expéditionnaire Américain devait combattre sous la bannière étoilée, et faire partie d’une armée américaine. Ils étaient convaincus que leurs officiers se montreraient à la hauteur.
Les troupes alliées étaient particulièrement démoralisées lorsque le 167e Alabama arriva en France. Toutes les offensives avaient été un échec. Pour la majorité d’entre eux, il fallait attendre l’arrivée de l’ensemble des forces américaines pour pouvoir gagner la guerre, probablement en 1919.
Comme les deux divisions qui l’avait précédée, la division arc-en-ciel et ses régiments bénéficièrent d’un entrainement dès leur arrivée dirigé par des officiers français et ses gradés furent entrainés dans des écoles spécialisées. Ensuite les régiments furent envoyés en Lorraine pour leur entrainement, puis jumelés dans le secteur de Lunéville avec des unités françaises et finalement chargés de la défense du secteur de Baccarat. La conduite des soldats d’Alabama et de leurs camarades de la division arc-en-ciel dans les tranchées, à l’attaque et en patrouilles leur valut l’admiration de leurs compatriotes et de leurs allies.
Au cours du mois de Mars, les forces allemandes avec l’arrivée des divisions en provenance du front russe étaient nettement plus nombreuses que les forces alliées mais dès le mois de mai, avec la présence de 600 000 américains en France, la balance avait changé et les Allies avaient 200 000 hommes de plus que les Allemands. Et les Américains ne cessaient d’arriver.
Généralissime Foch demanda au General Pershing d’envoyer la « Rainbow » en Champagne pour aider les forces françaises à faire face aux troupes allemandes qui se dirigeaient vers Paris. L’ensemble de la division arc-en-ciel fut engagée dans la campagne pour arrêter l’offensive de paix allemande (Friedensturm) du 15 juillet 1918. Le 167e régiment d’Alabama et le 109e régiment français affronteront le poids de l’attaque allemande près de Souain. L’état-major français complimentera les 3 bataillons d’Alabama pour leur bravoure et le général Gouraud déclarera que la division arc-en-ciel a redonné confiance à la France.
Les forces alliées reprirent l’offensive immédiatement. Quatre jours après avoir repoussé les allemands en Champagne, Foch ordonna une campagne franco-américaine au nord-est de Château-Thierry. Le 167e régiment d’Alabama, avec le 168e régiment d’Iowa sur son flanc gauche se distingua à la bataille meurtrière de la ferme de la Croix Rouge le 26 juillet. Le régiment d’Alabama y perdit 162 hommes, inclus 3 lieutenants et 2 capitaines, et plus de 1000 de ses soldats furent blessés. Leur victoire repoussa les forces allemandes de près d’une dizaine de kilomètres à l’est de l’Ourcq.
Le lendemain, le 27 juillet, le 83e brigade de la division arc-en-ciel rejoint la 84e brigade (167e et 168e régiments d’Alabama et d’Iowa), grandement affaiblie par les pertes des jours précédents. Régiments avançant côte à côte, l’ensemble de la 42e division attaqua au matin du 28 juillet en traversant l’Ourcq. La bataille sur la rive est de la rivière va durer 4 jours. La division arc-en-ciel perdra 184 officiers et 5469 hommes, morts ou blessés, mais elle réussira à repousser l’ennemi sur près de 20 km. C’est le début de la retraite allemande vers le Rhin.
Apres avoir reçu les renforts nécessaires pour retrouver toute leur capacité en hommes, et avoir été rééquipée, la 42e division reçut l’ordre de participer à l’attaque américaine sur St Mihiel. Apres plus d’une semaine de marches forcées, de nuit pour surprendre l’ennemi, la division, au centre du dispositif américain, attaqua les hauteurs surplombant la Madine. Comme à la ferme de la Croix Rouge, les compagnies C et D du 167e d’Alabama seront à la pointe de l’assaut. L’attaque fut une attaque surprise pour les forces allemandes, à un moment où ils avaient déjà commencé à battre en retraite. Le 167e régiment d’Alabama atteint son but au crépuscule du premier jour. Treize divisions américaines, à peu près un demi-million d’hommes, prirent part au succès de cette entreprise.
Les soldats de la 42e parcoururent ensuite près de 100 km pour rejoindre le million d’hommes de la première armée américaine prête à l’attaque en masse de l’Argonne. L’opération aura trois semaines de retard sur la date demandée par le général Foch à Pershing, et les Américains reculent pour la première fois depuis leur arrivée en France.
La division arc-en-ciel remplaça la première division américaine, épuisée, et se lança à l’assaut de la côte de Chatillon, position cruciale de la Kriemhilde Stellung sur la ligne Hindenburg. Les quatre régiments de la Rainbow attaquent côte à côte le 14 Octobre, sous la pluie, dans la boue. Le 166e Ohio et le 165e New York sont forcés de reculer. Les 167e Alabama et 168e Iowa restent seuls à porter la responsabilité de l’attaque. Les soldats du 3e bataillon d’Alabama sont à la pointe de l’attaque, à la base de la côte de Chatillon (cote 260). Ils ne firent aucun progrès le premier et le deuxième jour (14 et 15 octobre). Sans aucun abri, ils ne sont protégés que par une couverture mouillée.
De leur cote, le 1e bataillon d’Iowa gagne une position plus élevée sur la cote 288 le 15 octobre. Malgré de nombreuses pertes, il s’installa sur une avancée pour pouvoir couvrir l’assaut du 3e bataillon d’Alabama le 16 octobre. Le 151e bataillon de mitrailleuses (Géorgie) leur apporta un support essentiel en tirant de la cote 263, pendant 45 minutes, un feu soutenu d’un million de rondes d’artillerie. Des éléments des régiments d’Alabama et d’Iowa capturèrent ensemble la position allemande de la côte de Chatillon, repoussèrent une contrattaque et se partagèrent les honneurs.
Avec l’ensemble de la 42e division, les Alabamiens se dirigeaient vers Sedan quand l’armistice fut annoncé.
Le régiment fit ensuite partie de la force d’occupation en Allemagne à Sinzig.
Apres cinq mois de service avec les troupes d’occupation, un peu d’entrainement, de fraternisation et aussi de tourisme, le régiment d’Alabama prit le train pour Brest et s’embarqua pour les Etats Unis le 25 avril 1919. Apres leur arrivée a Camp Meritt au New Jersey, la division arc-en-ciel démobilisa toutes ses unités et les renvoya dans leurs états respectifs.
Les Alabamiens partirent par le train le 7 mai 1919 et arrivèrent en Alabama ou des parades triomphales les attendaient a Gadsden, Anniston, Birmingham, Montgomery et Mobile. Ils furent ensuite démobilisés à Camp Shelby au Mississippi.
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Cliquez ci-dessous pour lire les lettres de la correspondance réelles de soldats du régiment de 167e.
Alabama Département des Archives et Histoire: Gary Roberts et E. A. Hall
Crawfordsville District Public Library, le comté de Montgomery, dans l’Indiana: lettres d’Amos Brenneman